Des outils open source pour améliorer l’offre de mobilité des villes africaines

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Depuis 2015, des solutions open source émergent sur le continent afin de répondre à deux problématiques majeures, celle de l’inexistence de données accessibles et fiables sur les réseaux de transport et l’absence de normatifs ou standards de référence pour la matérialisation et la gestion de ces données. Grâce un protocole et une méthodologie basée sur la collecte de données sur le terrain par des communautés locales composées essentiellement d’étudiants, chercheur et membres de collectifs Openstreetmap dans plusieurs pays d’Afrique, plusieurs réseaux de transports dans des villes comme Nairobi, Le Caire, Abidjan,  Harare, Accra ou encore Bamako ont été cartographiés.

Dans un contexte d’urbanisation rapide conjugué à l’urgence de planifier des villes durables en Afrique, la cartographie des réseaux de transports conventionnels et artisanaux est le point de départ pour identifier au mieux les flux des différents modes de transports, les besoins de mobilité et donc améliorer l’offre globale de transport sur les territoires. Les données recueillies sont ensuite traduites sous un format standard GTFS (General Transit Feed Specification) qui définit un format de fichier commun pour l’attribution d’horaires de transport et d’informations géographiques associées. Ce standard est à ce jour le plus commun en Afrique en vue d’une réutilisation simplifiée dans des applications et services dédiés au transport et à la mobilité, bien que remis en question par certaines communautés africaines quant à sa compatibilité avec le fonctionnement des systèmes de transport artisanaux locaux.

A Nairobi, le projet Digital Matatus montre comment tirer parti de l’omniprésence de la technologie des téléphones portables dans les pays en développement pour collecter des données sur les infrastructures essentielles, les diffuser librement et ce faisant, stimuler l’innovation et améliorer les services aux citoyens. Ce projet a permis de recueillir des données sur les transports en commun à Nairobi, en se focalisant sur les fameux « matatus » (minibus locaux) qui constituent le coeur de l’offre de  transport de la capitale kenyane. Il a également permis de développer une application de routage mobile et de concevoir une nouvelle carte des transports en commun pour la ville. Les données, les cartographies et les 5 applications crées à l’issue de ce projet sont gratuites et en libre accès, dont M3route qui reste aujourd’hui la plus utilisée. Ces outils collaboratifs et open source ont changé la perception des usagers vis à vis de leur système de transport et leur mobilité.

Au Caire, Transport4Cairo a débuté comme un projet et est en passe de devenir une véritable entreprise. Sa principale activité est la collecte, l’analyse et la visualisation de données dans des villes où les données de transport sont inexistantes, en particulier en Afrique. À ce jour, l’équipe a travaillé au Caire, à Addis-Abeba, à Djibouti et à Kampala. Localement, l’équipe se concentre sur l’amélioration des transports et la mobilité durable. Transport4Cairo développe des cartographies, des programmes de formation et un laboratoire de la mobilité urbaine qui produit des recherches approfondies basées sur des analyses de la mobilité avec une approche urbaine, environnementale et socio-économique. Cette plateforme fournit de la data sur l’offre et la demande de transport pour tous les modes, y compris le transport informel et le transport dit « actif », sur l’accessibilité dans les villes et l’impact de la congestion et sur les trajectoires de fixation du carbone et des émissions de gaz à effet de serre ainsi que la manière dont les nouvelles technologies et infrastructures les affectent.

A Cape Town, Where is my Transport, une entreprise de 65 membres a produit des données et des services de mobilité notamment en évaluant le niveau d’accès de l’économie informelle dans les villes africaines. C’est aussi la première entreprise à doter « Gautrain », le premier système de train à grande vitesse d’Afrique du Sud et MyCiti , l’un des BRT de la ville de Cape Town, de données sur la mobilité provenant d’autres fournisseurs de transport, offrant ainsi aux utilisateurs de l’application, la possibilité de planifier leurs déplacements de manière multimodale. WhereIsMyTransport est également spécialisé dans la cartographie de réseaux de transports publics formel et informel dans les villes émergentes et a à ce jour cartographié 34 villes en Afrique.

Son API de mobilité intégrée comprend des algorithmes et capacités conçues pour les réseaux de transport complexes des villes émergentes. La plateforme compte désormais plus de 750 000 km de routes dans 39 villes et le nouvel investissement stratégique de Google, Toyota Tsusho Corporation  en 2020 permettra de poursuivre son développement international.

En Afrique de l’Ouest, les communautés Openstreetmap et Data Transport développent un portail de données open source pour la production de données liées aux transports et à la mobilité, couvrant le Mali, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire et le Sénégal. En 2015 à Accra, le projet Accra Mobility avait permis de cartographier les réseaux des « Tro-Tros » (minibus locaux) et de créer un Département des Transports (DoTs) dans 4 municipalités de la ville d’Accra afin d’avoir une meilleure connaissance du réseau.  Aujourd’hui, ces données sont utilisées quotidiennement par des startups locales et mises à jour par la communauté Openstreetmap. Le projet de Cartographie des réseaux de transports conventionnel et informel de la ville d’Abidjan, financé par l’Agence Française de Développement, réalisé par la communauté OSM Côte d’Ivoire et piloté par l’association Jungle Bus et l’entreprise SYSTRA en 2019 a ainsi pu voir le jour.

Grâce à la collecte de données de mobilité et la cartographie des réseaux de transports, un fichier GTFS a été mis à la disposition des acteurs publics et privés afin qu’ils puissent concevoir des solutions de mobilité efficaces et adapter aux réalités locales. Ce travail a servi de base pour le développement de projets de mobilité en cours et à venir dans la capitale ivoirienne et dans lesquelles sont associés les entreprises françaises Lumiplan et Zenbus, il s’agit de la mise en place d’un Système d’Aide à l’Exploitation et à l’Information Voyageur (SAEIV) de la Société de Transport Abidjanaise (SOTRA) et des Sociétés de transport lagunaires et d’un calcul d’itinéraire multimodal.

De son côté Data Transport, souhaite aller plus loin que le portail de données qu’il a mis en place en 2015 mais bien de doter les villes, les agences et compagnies de transport mais aussi les développeurs d’une « boite à outils open source ». En plus du « Data store » (portail de données ouvert), le collectif a mis en place TransitViz, une application métier dédiée exclusivement à la visualisation des données de transport et WatriFeed-API, une interface de programmation (API) qui permet aux développeurs de concevoir leurs propres applications web et mobile en utilisant des données spécifiques sur la mobilité.

«  Il existe un grand décalage entre la vision des autorités africaines et celle des associations ou collectifs Open source »

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Source : movinon-lab.michelin.com